Sunday, January 17, 2016

"Les Morts" de Jean Gentil (29 Octobre 1887 - Le Meschacébé)

Je ne sais point si d'autres,
Dans notre humanité
De pleurs et patenotres,
Ont de la vanité.

Et je respecte encore,
Pour les morts, non pour eux,
Les marbres qu'on décore
D'un regret fastueux

Mais moi qui fuis la foule
Comme on fuit un remords,
Surtout quand elle foule
Le champ sacré des morts,

J'attends que leur demeure
N'ait plus de vanité,
Pour que mon ame y pleure
Et prie en liberté.

Et c'est lorsque les marbres,
Sur qui tombent les pleurs
Et les frissons des arbres,
Sont couronnés de fleurs,

Lorsque je puis entendre,
Echo du souvenir,
La voix qui fut si tendre.
Et que je sens bénir,

Que je vais, solitaire,
En deuil et le front nu,
A l'humble coin de terre,
Hélas! trop bien connu,

Où ma fille repose,
Et que, dix fois par an,
Agenouillé, j'y pose
Une fleur en pleurant.

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