Saturday, March 18, 2017

"Charité" par J. Gentil (Le Louisianais - 26 octobre 1867)

Père, lorsque je pense à la Samaritaine,
Au bon Samaritain,
Je ne suis plus railleur et je n'ai point de haine
Pour un Ultramontain,

L'Evangile me semble un livre de lumière,
Le seul livre divin,
Où l'on trouve la foi, l'amour et la prière
Qu'ailleurs on cherche en vain.

"Jai soif" disait le Christ à la Samaritaine;
Et pendant qu'il buvait,
La femme tressaillit dans la lueur sereine,
--Ame qui revivait.

Et c'est encor le Christ, le Christ de Marie,
Qui penche sous sa main
Le voyageur qui passe aux bourgs de Samarie,
Et l'arrête en chemin.

Et le Seigneur et l'homme ont la même pensée
De tendre charité,
Tous les deux ils relèvent une âme délaissée
Par la fatalité.

Aussi, que nous soyons petits, grands de la terre,
Prêtres saints ou pécheurs,
Il faut nous entr'aimer comme un frère son frère,
Comme une soeur sa soeur

Si quelqu'un d'entre nous a faim, qu'on lui donne
La moitié de son pain:
S'il a soif, oh! portez à sa lèvre l'aumône
D'une goutte de vin.

Procurez un asile au voyageur qui pleure
Sur le bord du chemin;
Inanimé s'il tombe au seuil de ta demeure,
Frère, tends lui la main.

Lorsque l'un d'entre nous se penche sur sa couche,
Peut-être pour la mort,
Approche-toi de lui, car ta bonté le touche
Et ton amour l'endort.

Faut-il l'ensevelir dans son dernier suaire?
Ensevelis-le bien.
Faut-il à son convoi murmurer la prière?
Homme, prie en chrétien.

Accompagnons toujours sa dépouille mortelle
Par le sentier de Dieu,
Afin qu'on accompagne, ô sagesse éternelle!
Nos corps au même lieu,

Afin que les élus de la grande justice
Se rappellent un jour,
Quand sonnera pour nous l'heure du sacrifice,
Notre pieux amour.

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