Monday, March 20, 2017

"Orphée, III" par J. Gentil (Le Louisianais - 11 Janvier 1868)

Cependant Orpheus était un bien bel homme;
Possédant de grands yeux;
C'était un citoyen, mesdemoiselles, comme
Il en faut en tous lieux.

Etant veuf, étant jeune, il ne devait pas faire
Le mort ou moribund,
Et vivre comme un ours, hermite et solitaire,
Pleurnicheur et barbon.

Dans le riant pays des Nymphes demi-nues,
Sous les lauriers en fleurs,
Il faut courir après les Grâces ingénues,
Non se morfondre en pleurs.

Passant de l'une à l'autre avec un gai sourire
Et des refrains joyeux,
Il faut batifoler, chanter, mettre sa lyre
Au doux accord des cieux.

Mais Orphée était fol, car il était fidèle:
Car il fuyait aux bois ....
Non pour y folatrer avec sa toute belle,
Mais pour jouer du hautbois.

Aussi, par un beau jour, après vaines oeillades,
Les filles de l'endroit
Découpèrent Orphée en milliers de grillades:
Et c'était bien leur droit.

L'Hèbre reçut, dit-on, les débris du poëte
Et sa lyre en morceaux;
Le flot intelligent porta sa noble tête
Aux vierges de Lesbos.

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