Sunday, March 19, 2017

"Orphée, II" par J. Gentil (Le Louisianais - 28 décembre 1867)

Plus malheureux que Loth, car Loth pouvait encore
Admirer à loisir
Une femme de sel immobile, inodore,
Peu sujette à moisir,

Orphée eut mal au Coeur. Le Styx infranchissable,
Infernal, ténébreux
Ne lui permettait pas le bonheur délectable
De faire "un avant-deux."

C'est alors que notre homme, avec sa triste lyre
Et son grand désespoir,
S'enfonça dans les bois pour y montrer à lire,
Hélas! ... à l'ourson noir.

Il y chantait des airs attendrissants et sombres,
Ne buvant que de l'eau,
Ne mangeant que des glands, se couchant dans les ombres
Du chêne au lourd manteau.

Il ne se rasait plus!... A quoi bon la toilette,
Le menton rose et neuf.
Le sourire joyeux, la mine guillerette,
L'amour ... quand on est veuf?

"Eurydice, Eurydice, Eurydice, Eurydice!" ...
Elle était aux Enfers,
Et le bonhomme Orphée était assez Jocrisse
Pour la pleurer en vers.

Il ne comprenait pas qu'une légitime
Est un pesant fardeau,
Que Baccus est un Dieu que l'on commet un crime
En s'empoisonnant d'eau.

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