Monday, July 4, 2016

"Le Maïs" de J. Gentil (Le Meschacébé - 17 mars 1888)

Le vert printemps qu'on aime
Va bientôt sourire. Or,
Il est temps que l'on sème,
O maïs, ton grain d'or.

Le mien déjà soulève
La croûte du sillon,
Cherche l'air pur et lève
Sa tête au doux rayon.

Et j'attends qu'il se hausse
Encore de deux doigts,
Pour que main la chausse,
Comme faire je dois.

Vous aussi. Mais attendre
Que d'autres aient mange
La soupe au maïs tendre,
Avant moi?... Nenni. J'ai,

Très fire de caractère
Et vigilant semeur,
La culte de la terre,
L'orgueil de la primeur

Et l'amour, o Madame,
Du maïs tendre. Car
Rien n'est bon, sur mon âme!
Comme le maïs. Karr,

Jardinier point morose
Jadis, qui sut conter
Fleurettes à la rose,
Aurait dû le chanter.

Moi je n'ose. Ma rime,
Vaut si peu vraiment! Et
Mes vers sont grand crime
Au Parnasse, un forfait

Peut-on bien rimer comme
Je le fais, à l'envers?
Et que penser d'un homme
Rimant de pareils vers?

Je crois que l'Athéné
Louisianais,
La rime est couronnée,
Me prendra pour un fou.

Mais qu'importe? J'adore,
Avec Dieu, mon auteur,
Le beau maïs que dore
Un soleil créateur.






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