Tuesday, July 5, 2016

"Zola" par Jean Gentil (Le Meschacébé - 16 juin 1888)

Zola, j'ai lu ton livre,
Et j'ai cru, le lisant,
Que tu devrais être ivre
Ou soûl en le faisant.

Je te savais grand maître
En fait de saleté,
Ayant pour façon d'être
Toute malpropreté...

Notre siècle défie,
Du reste, la pudeur,
Et la pornographie
Lui semble une splendeur.

Mais la sale Nature
Où, Zola, des deux mains,
Tu prends la pourriture
Des documents humains,

Est donc inépuisable
Dans ses infections,
Puante et méprisable
Dans ses creations?...

Et, ténébreux archange,
N'aurais-tu donc des yeux
D'amour que pour le fange
Rayonnant sous les cieux?

Au parfum de rose
Qu'un baiser sait ouvrir
Tu préfères la prose
Que le chat sait couvrir.

N'aurais-tu donc, o Maître,
O merveilleux Zola!
Par goût ou façon d'être,
Du nez que pour cela?

Et crois-tu qu'il soit sage,
Dans tes romans punais,
De mettre à tout passage
Ton nom que je connais?

Au demeurant, ta prose,
Bien que ne sentant point
Les parfums de la rose,
S'embrène au plus haut point.

Car ta Nana pourrie,
Dont les chiens ont dégoût
Malgré leur gueuserie,
N'est pas un fond d'égout.

Et Terre, boue infâme
Où la nature n'a
Point de coeur et point d'âme,
A fait rougir Nana.


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