Tuesday, March 3, 2015

"Conversion" par Jean Gentil (Le Louisianais - 16 Octobre 1869)

Aussi vieux que le monde,
Satan, noir animal
Et bourreau, bête immonde,
Avait commis le mal.

Il n'avait point d'entrailles,
Ayant le pied fourchu,
Vivait de funérailles,
Dimait sur tout déchu.

Et la fille et la mère,
Et l'enfant rose et doux,
Et l'homme et sa commère,
Dans son pot de Voudous.

Se tordaient, triste bande;
Et ce Diable content
Dansait la sarabande
Et la valse en chantant.

Il entraînait les vierges
Dans l'Enfer, sombre lieu;
Il éteignait les cierges
A la barbe de Dieu.

Il flétrissait la vie,
Il flétrissait l'amour;
Il noircissait d'envie
La lumière du jour.

Ah! le gredin, l'inflâme!
C'est lui qui dans l'Eden
A corrompu la femme
Par langage mondain.

Mais respirons à l'aise;
Satan va trépasser,
Eprouvant la malaise
De ceux qui vont passer.

Il se repent, confesse
Ses crimes sans nom, nous
Implore tous, s'affaisse
Et meurt à deux genoux.

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