Thursday, February 26, 2015

"La Croix" par Jean Gentil (28 août 1869)

Oui, gracieux Messire,
Tu n'est point un forban;
Mais baille au pauvre sire
La croix et son ruban.

Je dirai que ta femme
A le coeur sur la main,
Que tu possèdes l'âme
D'un empereur romain.

Pour le principicule,
Ton moutard, l'on fera
Un brilliant opuscule
Sur l'air de "ça-ira"

Dans une apothéose
De Césars radieux
On mêle tout, et j'ose
Vous comparer aux Dieux.

J'ai trois cousins, mon Maître,
Tous les trois décorés,
Et qui méritent d'être
Noblement enterrés.

Le premier, débonnaire,
Mari toujours content,
Nous vend son luminaire
Près de Ménilmontant.

Le second, bureaucrate,
Pense et vit comme un rat;
Il croit qu'un démocrate
Est un grand scélérat.

Le troisième à la mine
D'un Sénateur poussif,
Et ce valet rumine,
Gras, gros, repus, massif.

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