Monday, February 16, 2015

"Postiches" par Jean Gentil (Le Louisianais - 5 Juin 1869)

O siècle de pastiches,
Fier de ton saint-frusquin,
Tes progrès sont postiches,
Ton nom est Arlequin.

La mode ridicule
Balance ta pudeur,
Par un jeu de bascule,
De bétise à laideur.

La femme y joue un rôle
D'habile et bonne main,
Qui n'est pas le moins drôle
Du répetoire humain.

Ce fut la crinole,
Ce fut le corps serré,
Ce fut la popeline,
Ce fut le sein bourré.

Et dame chevelure
S'enrichissant de crin?
Et frou frou dans l'allure
Par tortillon de train?

Et les mollets de soie,
Les précieux mollets?
Ne crains pas qu'on les voie;
Ils ne sont pas trop laids.

Et le fard, et la mouche,
Et le poudre de riz?
Et les dents de la bouche,
Qu'achètent les maris?

O croustillantes choses,
Que nous vous admirons!
Etant effets sans causes,
Vous parez laiderons.

Abandonnant la robe
De dix-huit pieds et plus,
Qui couvre et qui dérobe
Le plus et le surplus,

La femme très-prudente
A beaucoup écourté
Sa jupe trop pendante,...
Et c'est bien inventé.

Puis à la mappemonde,
Où le dos perd son nom,
Des chiffrons font un monde,
--- Epreuve à tout canon.

J'avoue et je confesse,
Honni qui pense à mal!
Qu'on dirait une fesse
De puissant animal.

No comments: