Monday, April 6, 2015

"Douai" par Jean Gentil (Le Louisianais - 27 Août 1870)

Ils étaient dix contre un, et les aigles pliaient,
Et les gros bataillons étonnés triomphaient;
C'était presque la "fuite." Ce mot n'est pas français!
Mais, après tout, que faire, où donc est le succès,
Quand les héros couchés, n'ont plus d'épaule gauche,
Quand la mitraille épaisse et vous broie et vous franche,
Quand l'ennemi s'avance en regiments pressés,
Quand vous êtes seul, et qu'ils sont tous masses?
Prussiens, c'est la victoire où le vainqueur s'incline
Devant le mort vaincu, se nommant discipline
Et nombre. Rien, de plus!.. Mais lorsque les clairons
Sont sans soufflé et glacés, lorsque les escadrons
Cherchent en vain leurs chefs, quand les tambours sonores
Sont tous troués, lorsque les drapeaux tricolores
N'ont plus qu'une guenille à la hampe de bois,
Et que la cantinière est morta en disant: Bois!
Que faire, ô général? Baisser le front, se rendre
Et livrer son épée à qui voudra la prendre?
Dire qu'on est vaincu, que sauf est votre humeur,
Que vous pouvez encor vivre sans deshonneur,
Ou bien mourir debout, la menace à la bouche,
Sombre et désespéré, héroique et farouche?
-- Un général français ne se rend pas vivant;
Il marche à l'ennemi, frappe et meurt en avant.

Douai, merci! La France a toujours des entrailles,
Et la France te doit de belles funérailles.

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