Thursday, April 9, 2015

"Victor Hugo" par Jean Gentil (Le Louisianais - 24 Septembre 1870)

Qu'ils soient marchards de lard ou journalistes blêmes,
Ces individus-là seront toujours les mêmes;
C'est leur droit, leur vertu.
La grandeur les effraie, étant petits de taille,
Et leur rire poursuit ceux qui, dans la bataille,
Géants, ont combattu.
 
Pour chaque nom illustre ils trouvent une pierre,
Et la pierre a raison. Danton et Robespierre
Sont de vils scélérats.
Ils rongent à plaisir le poeme, l'histoire
Et la Convention qui votait la victoire,
Ces vilains petits rats!
 
Le vigoureux genie est leur stupeur immense,
Et quand un fier esprit se degage et s'élance
Vers l'horizon nouveau,
Ils l'appellent mensonge, absurdité , folie.
Mais qu'importe après tout? On sait bien que la lie
Reste au fond du tonneau.
 
On sait que les pingouins sont lourds et n'ont pas d'ailes,
Que la laideur jalousie a peur des choses belles,
Qu'il est dans nains aussi.
Chaque être a sa valeur dans l'ordre et par la forme,
Même le moucheron, et notre nain difforme
Est l'homme en raccourci.
 
Laissons les donc siffler, outrager et maudire,
Montrer un poing risible à la statue et dire:
"Ce poing te brisera!"
Ceux qu'ils veulent briser sont de puissants prophètes,
Des inspires, des saints, des chantres, des poetes,
Que l'homme bénira.
 
Pour nousm mon cher Joseph, inconnus mais fidèles,
Saluons sans trembler ceux qui portent des ailes,
Les rayonnants, les beaux;
Et quand nous entendrons à nos gloires hautaines
Des bipèdes humaines croasser par centaines,
Disons: Corbeaux, corbeaux!

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