Monday, April 27, 2015

"Tristis sed Pius" par Jean Gentil (Le Louisianais - 28 Janvier 1871)

Oui, Seigneur, la nuit vient de la désespérance,
Du Mont des Oliviers et du prosternement,
L'heure qui vit Jésus et qui verra la France
Se recueillir en Dieu pour le dernier tourment.

Judas est éternel, les apôtres sommeillent,
L'épée est sans effet dans les mains du plus fort,
Et puis ne faut-il pas que les peuples s'éveillent
Et se prosternent tous devant la croix d'un mort?

Que cette volonté,---volonté du mystère,
De la foi, du salut, de l'amour radieux,--
Soit faite, ô Tout Puissant, sur cette pauvre terre,
Pour cette pauvre France, et jusque dans les cieux

Mais laissez-nous pleurer aux pieds de cette France,
Détacher son cadavre, embaumer le grand mort,
L'ensevelir aux plis d'une sainte espérance,
Et veiller au tombeau de l'Immortel qui dort.

Vers le troisième jour, à la lueur première,
Et lorsque les meilleurs eux-mêmes douteront,
Elle se lèvera dans la vive lumière,
Et les peuples émus, France, t'adoreront.

L'immolé de la croix sera ressucité:
Sa couronne d'épine, un éclatant symbole,
Brillera sur sa tête en vivante auréole,
Et ses mains sèmeront l'amour dans la clarté.

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