Saturday, April 25, 2015

"Prose" par Jean Gentil (Le Louisianais - 7 Janvier 1871)

Une fille de Bade, aussi douce que belle,
Fiancée à Wilhelm, un Allemand comme elle,
Ayant reçu de France et son fiancé
Un diamant de prix dans l'or pur enchaissé,
A d'abord à son doigt, joyeusement folle,
Passé l'anneau brillant dont la femme raffole.
Puis elle l'a montré, car la naïveté
Peut très bien se donner un peu de vanité.
Une Badoise est femme ainsi qu'une Française,
Et croyez, jeunes gens, qu'une fille est bien aise
De montrer à ses soeurs le riche diamant
Qu'ont glissé dans son doigt les doigts de son amant.
L'amour est glorieux. Berthe était donc heureuse,
Fière de son anneau, tendrement amoureuse,
Rêvant avec bonheur, en voyant cet anneau,
Aux nuits où l'on est deux dans le même berceau.
Mais quelqu'un lui montra, -- sans doute une jalouse,--
Une tache de sang à la bague d'épouse.
Alors Berthe pleura, pauvre fille, et puis dit:
"Wilhem est un soldat et Wilhem est maudit.
Pour la grandeur d'un roi dont la gloire est infâme,
En oubliant se mère, il égorge la femme.
Un Allemand qui tue et vole au grand chemin,
Ayant perdu mon coeur, n'aura jamais ma main."

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