Thursday, April 30, 2015

"Strasbourg et Kléber." par Jean Gentil (Le Louisianais - 18 Février 1871)

L'empereur d'Allemagne, un Prussien, le Guillaume,
Grand soudard que Bismark proclame un très grand homme,
Ayant pris Strasbourg, ville où l'on parle allemand,
Mais où le coeur français bat intrépidement,
Dit à ses vavassaux de Saxe et de Lusace:
"Compagnons, maintenant nous possédons l'Alsace
Le Rhin nous appartient et coule sous nos lois;
Nous avons mis au pas les vaniteux Gaulois,
Et nous avons Strasbourg, ses palais, ses musées,
Sa haute cathédrale, et ses filles rosées.
C'est qu'elles sont vraiement charmantes à Strasbourg,
Plus belles qu'à Manheim ou dans tout autre bourg,
Les filles de là-bas! Or donc, nous Charlemagne,
Comme étant désormais empereur d'Allemagne,
Nous les ferons sous peu venir en notre cour,
Et nous leur prouverons qu'un Prussien fait la cour;
En parfait Gambrinus, en vaillant gentilhomme,
Surtout après la bière et le rack, boissons d'homme.
Messeigneurs, quelle orgie! Et je vous donnerai
Les restes du souper, et je vous laisserai
Schlaguer à tour de bras tous ce maris rebelles
Qui ne veulent jamais que leurs femmes soient belles,
Et qu'on le prouve. Or ça, bénissons hautement 
Dieu qui nous a rendu le Strasbourg allemand.
Cette ville est à nous, bien à nous, et la France
Peut bannir pour toujours une folle espérance."

--Mais une voix vibrante a prononcé dans l'air
Un formidable "non." C'est la voix de Kléber. 

No comments: