Tuesday, May 5, 2015

"Les Rouges" par Jean Gentil (Le Louisianais - 18 Mars 1871)

Ils sont voleurs, bandits, assassins, misérables;
Ils ont des projets vils, monstreux, exécrables;
Ils brûleraient Paris, la France et l'univers;
Jamais laids scélérats ne furent plus pervers;
Tout crime leur sourit, devant toute infamie
Ils se sentent joyeux, et leur plus tendre amie
Est une guillotine. Ah! les affreux bourreaux,
Des plus bas criminels ils vous font des héros.
Bourgeois, nobles, banquiers, pontifes, Dieu lui-même,
Ils ne respectent rien. Leur vie est un blaspheme.
Ces farouches gredins, ces maudits de l'égoût,
Aiment le sang par coeur et le fange par goût.
Ne les a-t-on pas vus, voluptueux infâmes,
Massacrer les enfants, assassiner les femmes,
Eriger l'échafaud en principe divin?
Ensanglantes, hideux, et barbouillés de vin,
N'ont-ils pas déterré les cadavres, hyènes
Qui jusque dans la tombe assouvissent leurs haines?
Dansant la Carmagnole et chantant Ca-Ira,
Ils épouvanteraient et Satan et Marat.
Après tout, messeigneurs, que veulent donc ces hommes?
--Vivre comme on doit vivre, être comme nous
Aimer et travailler, marcher dans la clarté,
Et léguer à leurs fils leur part de liberté.
Ils ne demandent rien que cette chose auguste
Qu'on appelle partout le droit, le vrai, le juste.
Est-ce crime bien grand, répondez?--Ils l'auront,
Ou, vaincus, écrasés, farouches, ils mourront.

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