Thursday, May 28, 2015

"Simple Prose" par Jean Gentil (Le Louisianais - 24 août 1872)

L'homme à l'homme est méchant, et notre espèce humaine,
Manque de charité, tout comme si la haine
Faisait du bien à l'âme et nous rendait heureux,
Comme si le bonheur nous faisait malheureux.
Est-ce que notre jour, un égoisme sombre,
Deviendrait lumineux par un contraste d'ombre?
Est-ce que la misère est là pour affirmer
Le droit de s'applaudir ou bien de blasphemer?
Nous faut-il une arène, une froide colère,
La mort d'un combattant, la joie atrabalaire
D'un vainqueur satisfait? Les autres renversés,
Serons-nous plus joyeux, plus grands, moins insensés?
Oui, vraiment, l'homme à l'homme est méchant, et sa vie
Est un tissu doublé de faiblesse et d'envie.
Les plus intelligents par l'esprit, dont le coeur.
Devrait être un foyer d'amour toujours vainqueur,
Qui se doivent à tous par leur intelligence,
N'ont point le don divin de grâce et d'indulgence.
Etre maître est le but, l'égal est l'ennemi,
Et le pauvre d'en bas, sous le doux nom d'ami,
Joue au César romain contre son chien fidèle.
L'insoumis à César n'est qu'un vil infidèle,
Et s'il se soumettait, comme on a pu le voir,
On dirait que son droit n'était que son devoir.
On pardonne à l'esclave , au front qui s'humilie,
Aux peuples abaissés, à la race avilie,
Au rebelle à genoux, qui pleure et se soumet.
Mais tout César n'est point perché sur un sommet,
Et vous trouvez en bas, dans ce monde difforme,
Des tyrans de tout nom comme de toute forme.
Lupus lupo lupus! Mais l'homme a la raison
Et veut être obéi sans secours d'oraison.
C'est qu'il se voit partout et ne voit que lui-même;
Lui seul est tous, messieurs. Aimons-le tout de même.

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