Sunday, August 14, 2016

"Aux Moqueurs, I" par Jean Gentil (Le Louisianais - 28 Juillet 1877)

Malgré vos algarades
Et vos faits de pendus.
Moqueurs, mes camarades,
Je vous ai défendus.

Contre les chiens, les hommes,
Les juges, les serpents
Et les petits bonshommes,
Qui sont des sacripants,

J'ai plaidé votre cause
Et bravement lutté.
Excusez si j'en cause;
Mais c'est la vérité.

Le tout sans honoraire,
Et charitablement!
Sans fees on numérative!
Dumez pareillement.

Et sur ces entrefaites,
Grâce à notre souci,
Des lois ont été faites
Par les Solons d'ici.

Votre nid, près de l'homme
Et que la loi défend.
Est libre et sacré comme
Un doux berceau d'enfant.

Vous pouvez à votre aise
Aimer, pendre, railler,
Chanter la marseillaise
Et vous égosiller.

La cage est supprimée,
L'oiseleur confondu,
L'existence affirmée,
Et le chasseur pendu.

La liberté suprême
D'imagination,
De conscience et même,
D'association.

Triomphe enfin. C'est sage
Et juste, Toussenel
A, dans plus d'un passage
Vraiment rationnel,

Et beaucoup mieux qu'un prêtre,
Prouvé suffisamment
Que l'oiseau, petit être,
Est un être charmant,

Et qu'il possède une âme,
Une âme! Pourquoi non?
L'homme jure, sa femme
A des cris de guenon;

Mais l'oiseau dans ses branches,
Et ses arbres aimés,
A des allures franches
Et des chants parfumés.

Et j'aime mieux entendre
Le soir, dans les buissons,
La voix sauve et tendre,
Et les vraies chansons

Des oiseaux adorables,
Ces artistes sans art,
Que les airs misérables
Des filles d'Aleazar.

Quant au moqueur, ce maître
D'orgue et de clavecin,
Il chante mieux qu'un prêtre
Et meme un capucin.

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