Sunday, August 14, 2016

"Credo In Deum, II" par Jean Gentil (Le Louisianais - 8 septembre 1877)

Oui, je crois, car je pense;
Et je lève la main
Vers celui qui dispense
La vie au genre humain.

Il est. Son nom est l'Etre.
Je ne puis faire un pas
D'enfant, d'homme ou de prêtre,
Sans vivre où Dieu n'est pas.

Et la mort elle-même,
Terrible équation,
Est le côté suprême
De la création.

La mort est l'Inconnue
Invisible à nos yeux,
Qui traverse la nue
Et va frapper aux cieux.

Mourir c'est disparaître,
Passer et parcourir
L'ombre où je dois renaître:
Mourir n'est pas mourir.

Tout change, se transforme
Et paraît s'effacer;
Mais dans une autre forme
L'être saura passer.

Le néant est mensonge,
Et l'immortalité,
Plus j'y crois, plus j'y songe,
Est une verité.

Et Dieu seul est la vie
Sans interruption,
Sans fin, et poursuivie
Dans la création.

Et les hommes eux-mêmes
Auront toujours été
Les quotients suprêmes
De son éternité.

Or, je crois, brave femme,
Et mon pieux Credo
Est vrai, n'est point infâme,
Vaut celui du bedeau.

In Deum credo. Ma mère
Y croit, ma fille aussi,
Et c'est la foi primaire
Du Guèbre ou du Parsi.

C'est la foi proclamée
Dans les temps et partout,
Qu'un livre a résumée
Dans ces mots: Le grand tout.

Le puissant philosphe,
L'enfant aux blonds cheveux
Et le vieux théosophe
L'ont tous. Je l'ai comme eux.

Et les hauts Prométhées,
Audacieux lutteurs,
Ne sont point des athées,
Mais des adorateurs.

No comments: