Est-ce que le printemps, Rose,
Le printemps qui sourit,
Qui chante et qui fleurit,
Le printemps qui sent la rose,
Qui sème ses chansons
Et ses fleurs aux buissons,
Le printemps des chèvrefeuilles,
Des lilas embaumés
Et des oiseaux aimés
Qui font leurs nids dans les feuilles,
Ne te dit rien? Mais il
Est charmant comme Avril
Ou Mai, dont les fleurs sont blanches.
Et l'on entend par ci,
Par là, partout ici,
De doux baisers dans les branches.
Et les chuchotements,
Et les gazouillements,
Et les tant joyeux murmures
D'un petit monde ailé,
Bruyant, ensorcelé,
Qui se poursuit aux ramures!
Pourquoi ce remnement
Et ce frissonnement?
Quel éveil! C'est que la terre
Rajeunie et les cieux,
Dans l'amour radieux,
Accomplissent un mystère.
-----:o:-----
Rose, belle d'ignorance,
M'a répondu: J'entends
Les chansons du printemps,
Et mon coeur dit Espérance
----II---
Et toi, bonne et douce aieule,
Grand'mère, aux cheveux blancs,
Qui causes toute seule,
Et dont les par temblants
Ont besoin du bras de Rose,
Est-ce que le printemps
N'a qu'un vieil air morose
Pour tes longs soixante ans?
Grand'mère, par ta fenetre
Ouverte sur les champs,
Il vient, du ciel peut-être,
Des rayons et des chants.
Et, certes, tu dois entendre
Tout près, aux lilas verts,
Une voix douce et tendre
Qui gazouille des vers.
Et Rose, Rose elle-meme,
Auprès des églantiers
En fleurs, rêve qu'on l'aime,
Et le croit volontiers.
Bien plus, bonne et douce aieule,
J'entends comme des pas,
Et Rose n'est plus seule...
Mais ne le disons pas.
----:o:----
Et la vieille grand'mère,
Sans me laisser finir,
M'a répondu: Chimère,
Ou plutôt Souvenir.
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