Sunday, August 14, 2016

"Credo In Deum, III" par Jean Gentil (Le Louisianais - 15 septembre 1877)

Mais au nom du Dieu même,
Au nom du Dieu puissant,
Universel, suprême
Et tout resplendissant;

Au nom sacré du Maître
Unique et radieux,
Qui seul est, seul doit être,
Je repousse les Dieux.

Et les bons dieux de marbre,
De pierre, ou bien coupés,
Dans les branches d'un arbre,
Et qu'on a varlopés;

Et les bons dieux de plâtre,
De stuc ou de carton,
Qui dorment près de l'âtre,
Le doigt sous le menton;

Et les bons dieux superbes,
En or, très éclatants,
Barbus et même imberbes,
Selon l'âge et les temps;

Et les bons dieux d'argile
Cuite,-- combinaison
Moins chère et plus fragile,
Mais bonne à la maison,

Sont paganisme antique,
Immoral et menteur,
Ou l'arrière-boutique
D'un Olympe imposteur.

Dieu seul est, et les autres
Sont pure invention,
Lares de faux âpotres,
Ou superstition.

Ils redoutentla pluie,
La tempête et le vent,
Et sans un parapluie
Ils se mouillent souvent.

Le temps les défigure,
Les ronge, les pourrit,
Et, pareil à l'augure
Des temps païens, sourit.

Quand on brise l'informe
Sérapis, à Patras,
Il en sort une énorme
Quantité de gros rats.

Il n'est qu'un Dieu, le Maître
Eternel, infini,
Qui seul est, seul doit être,
Dont le nom est béni,

A qui l'on doit hommage,
Par qui l'homme est vivant,
Dont la sublime image
Brille au soleil levant,

Et qui se nomme, o prêtre,
Parcequ'il l'a voulu,
De ces trois noms: Le Maître,
L'Unique et l'Absolu.

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