Sunday, August 14, 2016

"Credo In Deum, IV" (Aux jeunes vicaires) par J. Gentil (Le Louisianais - 22 septembre 1877)

Sans le secours d'oracles,
L'aide de colonels,
Il a fait des miracles
Qui seront éternels.

Et n'est-il pas lui-même,
Si vous ouvrez les yeux,
Le miracle suprême
De la terre et des cieux?

Qui me fait la science
Des docteurs en savoir?
L'homme a la conscience
Pour comprendre et pour voir.

Folles discours étranges
De tous vous écoliers
Que vous nommez des anges,
Sont discours singuliers.

Car la théologie,
Livre très précieux
Et d'amphibologie,
Ne vaut pas mes deux yeux,--

Les deux grands yeux qu'on ouvre
Au monde éblouissant,
Et par qui l'on découvre
Le nom du Tout-Puissant.

Car ce nom, ce nom suprême
Est visible en tous lieux,
Et dans la fleur qu'on aime,
Et dans le fond des cieux.

Il est dans le brin d'herbe
Que je foule en passant,
Dans le chêne superbe
Aux grands bois frémissant.

L'insecte le bourdonne
En bas, timidement,
Et l'oiseau le fredonne
En haut, joyeusement.

Les sphères, dans l'espace,
Disent son nom béni,
Et le rayon qui passe
Le chante à l'infini.

Il est le Dieu des ondes
Et de l'immensité;
Il est le Dieu des mondes
Et de l'éternité.

Il n'a ni fin, ni rive
Et ni commandement,
Et le vieux Temps arrive
A son commandement.

Et ce Temps, redoutable
Moissonneur de vivants,
Faucheur épouvantable
Qui fauche aux quatre vents,

Vieillard lugubre et blême
Qui plonge sans remord
Son oeil sombre au problème
De la vie à la mort,

S'incline devant l'Etre
Avec humilité,
Disant "Il est le Maître,
Il est l'éternité."

Une sphère s'efface
Un monde peut périr;
Mais moi, j'ai vu sa face,
Et Dieu ne peut mourir."

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